Médicaments homologués au Canada dans le traitement des troubles neurocognitifs
Il n’existe actuellement aucun traitement curatif des troubles neurocognitifs irréversibles. Cependant, certains médicaments approuvés par Santé Canada peuvent aider à en atténuer les symptômes ou à ralentir leur évolution.
Il n’existe actuellement aucun traitement curatif des troubles neurocognitifs irréversibles. Cependant, certains médicaments approuvés par Santé Canada peuvent aider à en atténuer les symptômes ou à ralentir leur évolution. Si vous ou une personne dont vous vous occupez avez reçu un diagnostic de trouble neurocognitif, consultez vos prestataires de soins pour déterminer si les médicaments disponibles vous conviendraient.
Vous trouvez ci-après des renseignements sur les médicaments disponibles pour traiter les troubles neurocognitifs, leurs bienfaits thérapeutiques potentiels, leurs effets secondaires courants et les moments où commencer et arrêter le traitement. En sachant à quoi vous attendre, vous pourrez prendre des décisions éclairées sur le traitement le plus approprié, pour vous ou la personne que vous accompagnez.
Quels sont les médicaments disponibles?
Les médicaments approuvés par Santé Canada pour traiter les troubles neurocognitifs sont les inhibiteurs de la cholinestérase, la mémantine et le lécanémab.
Les inhibiteurs de la cholinestérase préviennent la dégradation de l’acétylcholine, un neurotransmetteur qui joue un rôle important dans l’apprentissage et la mémoire. Comme la maladie d’Alzheimer détruit les neurones qui fabriquent l’acétylcholine, elle réduit la concentration de cette molécule chez les personnes touchées. Ces médicaments rétablissent la concentration d’’acétylcholine, ce qui pourrait atténuer ou stabiliser temporairement les symptômes des troubles neurocognitifs.
Les inhibiteurs de la cholinestérase utilisés sont les suivants :
- Aricept™ (nom commercial) ou donépézil (nom générique, se prononce do-NÉ-pé-zil). Quand le donépézil est prescrit, un préfixe peut être apposé au nom du médicament (p. ex., Apo-Donepezil).
- Galantamine (se prononce ga-LAN-ta-mine). Quand la galantamine est prescrite, un préfixe peut être apposé au nom du médicament (p. ex., Auro-Galantamine).
- Exelon™ (nom commercial) ou rivastigmine (nom générique, se prononce RIV-a-STIG-mine). Quand la rivastigmine est prescrite, un préfixe peut être apposé au nom du médicament (p. ex., Apo-Rivastigmine).
Les inhibiteurs de la cholinestérase sont approuvés pour les personnes aux stades précoce, moyen et avancé de la maladie d’Alzheimer. Le donépézil et la rivastigmine sont prescrits dans le traitement de la maladie à corps de Lewy. La rivastigmine permet aussi de traiter les troubles neurocognitifs liés à la maladie de Parkinson.
Les preuves restent insuffisantes pour justifier l’utilisation des inhibiteurs de la cholinestérase dans le traitement des troubles neurocognitifs cérébro-vasculaires. Cependant, on peut les prescrire pour les personnes qui ont à la fois la maladie d’Alzheimer et un trouble neurocognitif cérébro-vasculaire lorsque la maladie d’Alzheimer est la principale cause des symptômes.
La mémantine (se prononce mé-MAN-tine) bloque les effets des excès de glutamate, un neurotransmetteur qui facilite la transmission des messages entre les neurones. Lorsque les neurones sont endommagés par la maladie d’Alzheimer, ils relâchent une quantité excessive de glutamate, ce qui perturbe la transmission des signaux cérébraux. La mémantine aide à prévenir ce phénomène. Ce médicament n’est approuvé que pour les personnes aux stades moyen et avancé de la maladie d’Alzheimer. Il est souvent prescrit aux personnes qui tolèrent mal les inhibiteurs de la cholinestérase.
Le nom commercial de la mémantine est Ebixa™. Quand la mémantine est prescrite, un préfixe peut être apposé au nom du médicament (p. ex., Apo-Memantine).
Le lécanémab (se prononce lé-CAN-é-MAB) est un traitement modificateur de la maladie, c’est-à-dire qu’il cible sa cause sous-jacente. Le lécanémab ralentit l’évolution de la maladie d’Alzheimer en éliminant les plaques amyloïdes (souvent liées à la maladie d’Alzheimer). Ce type de traitement est approuvé seulement pour le traitement des personnes vivant avec un trouble cognitif léger (TCL) ou avec la maladie d’Alzheimer au stade léger. Le nom commercial du lécanémab est Leqembi™.
Remarque : Le lécanémab ne doit pas être utilisé pour traiter les personnes portant deux copies du gène de l’apolipoprotéine E4 (Apo E4) ou prenant des anticoagulants (pour diluer le sang).
Les troubles neurocognitifs affectent chaque personne différemment, et aucun traitement ne convient à tout le monde. Pour en savoir plus sur les symptômes éprouvés ou sur les médicaments disponibles pour traiter un type de trouble neurocognitif précis, parlez à des prestataires de soins. Ils pourront vous aider à évaluer les signes et prescrire un traitement.
Ces médicaments sont-ils couverts par les régimes d’assurance maladie provinciaux et territoriaux?
La couverture varie selon la province ou le territoire de résidence. Vous pourriez devoir assumer une partie des frais associés, et vous devez satisfaire à des critères précis. Certains régimes d’assurance privés offrent également un remboursement. Toutefois, certains assureurs pourraient décider de révoquer la couverture pour ces médicaments lorsque la maladie aura évolué. Le cas échéant, vous devrez décider (après en avoir discuté avec votre équipe de soins) si le traitement en vaut le coût.
Ces médicaments sont-ils efficaces?
Les améliorations sont souvent subtiles et peuvent être difficiles à détecter, même pour les prestataires de soins et les proches de la personne touchée. Les médicaments seront bénéfiques pour certaines personnes, et pas pour d’autres. Ils peuvent apporter les améliorations suivantes :
- Diminution du déclin cognitif. La mémoire, la concentration et l’attention pourraient s’améliorer.
- Diminution du déclin fonctionnel. Le traitement pourrait accroître la participation aux activités quotidiennes (comme la préparation des repas et les soins personnels), la motivation, le calme et la communication.
Certaines personnes ne présenteront pas d’améliorations significatives, mais leur état peut se stabiliser pendant un certain temps ou évoluer plus lentement qu’avant le début du traitement. Puisque les troubles neurocognitifs sont dégénératifs, les changements peuvent prendre plus de six mois à se manifester. Comme les médicaments sont légèrement différents, une personne pourrait trouver l’un d’entre eux plus tolérable ou bénéfique que les autres.
Parfois, il vaut mieux se fier à ses propres observations et aux interactions avec la personne vivant avec un trouble qu’aux tests cognitifs pour déterminer si le médicament est efficace : ces derniers ne sont pas toujours suffisamment sensibles pour déceler les petites améliorations aux capacités.
Voici quelques signes à observer pour déterminer si le médicament est efficace :
- La personne vivant avec un trouble neurocognitif semble-t-elle plus active, intéressée, communicative, sociable ou éveillée?
- Semble-t-elle plus motivée à faire les activités qu’elle aimait auparavant?
- Est-elle capable d’accomplir certaines tâches, par exemple de prendre soin de son hygiène personnelle?
- Semble-t-elle plus heureuse, moins anxieuse ou moins facilement frustrée?
Ces modestes améliorations peuvent grandement améliorer la qualité de vie au quotidien et contribuer à réduire le stress des personnes proches aidantes. Même sans amélioration, une stabilisation de l’état sur une longue période est souvent positive : elle suggère que le médicament ralentit l’évolution du trouble, surtout si l’état n’était pas stable avant le traitement.
Quels sont les effets secondaires des médicaments pour les troubles neurocognitifs?
Voici quelques-uns des effets secondaires les plus fréquents des médicaments pour le traitement des troubles neurocognitifs.
Donépézil, galantamine et rivastigmine*
- Nausées, vomissements ou diarrhée
- Perte d’appétit et anorexie
- Étourdissements
- Fatigue
- Insomnie et rêves anormaux
* Remarque : Rarement, on observe des effets secondaires graves, notamment une perte de conscience due à un ralentissement du rythme cardiaque, une destruction du tissu musculaire et des réactions cutanées.
Mémantine
- Constipation ou diarrhée
- Maux de tête
- Étourdissements
- Dépression
- Confusion
- Hypertension artérielle
Lécanémab
- « Anomalies d’imagerie liées aux dépôts amyloïdes », ou ARIA (œdème et hémorragie dans le cerveau)
- Maux de tête
- Aggravation de la confusion
- Étourdissements
- Changements dans la vision
- Nausées et vomissements
- Difficulté à marcher ou à parler
- Convulsions
- Faiblesse musculaire
- Réactions liées à la perfusion (fièvre; symptômes pseudo-grippaux; rythme cardiaque rapide ou lent, ou sensation de battement dans la poitrine; difficulté à respirer ou essoufflement; variations de la pression artérielle)
Ce type d’effets secondaires (comme les maux d’estomac souvent associés aux inhibiteurs de la cholinestérase) peut s’atténuer ou disparaître avec le temps, ou lorsqu’on réduit la dose. On commence normalement les traitements pharmaceutiques à la plus faible dose possible afin de minimiser les effets secondaires. Si le médicament est bien toléré, on augmente progressivement la dose jusqu’à ce qu’elle soit efficace. Le mode d’administration et la prise d’autres médicaments peuvent influencer le risque d’effets secondaires. Si les effets secondaires l’emportent sur les avantages thérapeutiques ou sont intolérables, il faut cesser le traitement. Mentionnez tout effet secondaire ou toute interaction médicamenteuse à votre équipe de soins. En cas d’étourdissements, de ralentissement du rythme cardiaque, de chutes, de maux de tête ou de perte de poids involontaire, contactez votre équipe de soins le plus rapidement possible.
Quand commencer les médicaments pour les troubles neurocognitifs? Combien de temps les prendre?
Si la personne vivant avec un trouble neurocognitif n’a aucun problème de santé ni symptôme constituant une contre-indication au traitement, les médecins recommandent généralement d’essayer l’un des médicaments dès le diagnostic, car ils sont généralement bien tolérés et bénéfiques. Il est important de commencer le traitement dès que possible après l’apparition des symptômes de trouble neurocognitif.
La décision revient toutefois à la personne touchée ou à sa ou son mandataire spécial·e, qui pourront aussi choisir d’interrompre le traitement à tout moment. Une personne peut décider de ne pas prendre le médicament si elle n’en perçoit pas les bienfaits, si elle s’inquiète des risques, si les effets secondaires sont trop difficiles à gérer ou simplement si elle ne souhaite pas le prendre. Consultez votre équipe de soins avant de modifier la dose ou d’interrompe le traitement.
Il peut être utile de discuter des changements observés depuis le début du traitement avec votre équipe de soins. Notez tout changement dans les symptômes, en particulier ceux qui vous préoccupaient avant le traitement. Cette information aidera à décider s’il convient de poursuivre, de modifier ou de cesser le traitement.
Si le traitement est arrêté parce qu’il ne semble pas aider, surveillez la personne pendant quelques semaines et notez tout changement négatif important. Un déclin rapide à ce moment indiquerait que le médicament produisait effectivement des résultats positifs, mais qu’ils étaient masqués par l’évolution de la maladie. Dans ce cas, envisagez de reprendre le traitement. Si le traitement a été interrompu pendant une longue période, il faudra augmenter progressivement la dose à la reprise du médicament.
Pour bénéficier des avantages thérapeutiques et minimiser les effets secondaires, il faut prendre le traitement comme prescrit. Si la prise du médicament est difficile, demandez conseil à votre pharmacien·ne, qui pourrait par exemple emballer vos médicaments dans des plaquettes alvéolaires. Si le médicament est bénéfique et n’entraîne aucun effet secondaire important, on recommande généralement de poursuivre le traitement jusqu’au stade avancé de la maladie. À ce stade, la personne touchée peut être incapable de communiquer, être alitée ou avoir besoin d’aide pour ses soins.
Quand parler à votre équipe de soins de santé?
Tant que la personne vivant avec un trouble neurocognitif n’a aucun problème de santé constituant une contre-indication, ces médicaments sont une option. Si vous avez pris le temps de vous renseigner sur les avantages et les effets secondaires possibles et que vos attentes sont réalistes, vous pouvez examiner la possibilité avec votre équipe de soins.
Autres liens et ressources utiles
Santé Canada homologue le lécanémab. Société Alzheimer du Canada. Cette page Web présente les dernières nouvelles concernant le lécanémab, qui a été homologué au Canada.
La réponse à vos questions : que doivent savoir les Canadiens et les Canadiennes au sujet du donanémab/Kisunla™). Société Alzheimer du Canada. En juillet 2023, la pharmaceutique américaine Eli Lilly and Company a publié les résultats complets d’un essai clinique de phase III du donanémab, un médicament qui cible la maladie d’Alzheimer. Cette page Web contient des renseignements sur le donanémab qui pourraient intéresser la population canadienne.
Qu’est-ce que l’aducanumab? Société Alzheimer du Canada. Cette page d’information résume les renseignements sur un médicament qui a été approuvé sous condition pour une utilisation aux États-Unis en juin 2021. Une agence de l’Union européenne l’a refusé en décembre 2021. Le fabricant de médicaments Biogen a retiré sa demande d’examen du médicament par Santé Canada en juin 2022.
Processus d’approbation des médicaments pour le traitement de la maladie d’Alzheimer. Société Alzheimer du Canada. Pour tout savoir sur le processus d’homologation d’un médicament au Canada.
Nouveaux médicaments pour la maladie d’Alzheimer. Créé par le Consortium Canadien en Neurodégénérescence Associée au Vieillissement (CCNV). Une foire aux questions créée pour le public au sujet de nouveaux médicaments pour la maladie d’Alzheimer qui seront peut-être disponibles au Canada dans le futur.
Options thérapeutiques. Société Alzheimer du Canada. Cette brochure téléchargeable résume les traitements disponibles pour les troubles neurocognitifs.
Régimes d’assurance maladie du Canada. Special Benefits Insurance Services. Cette page (en anglais seulement) offre un résumé utile des services de soins de santé couverts dans chaque province. Elle comporte des liens menant à chaque régime sur le site Web du gouvernement de la province en question.
Remerciements
Cette ressource est fondée sur les données de la recherche. Nous remercions le Dr David Hogan, professeur à l’Université de Calgary, Mme Feng Chang, professeure agrégée à l’Université de Waterloo, et Mme Tejal Patel, professeure clinicienne agrégée à l’Université de Waterloo, pour leur aide précieuse dans l’élaboration de cette ressource.
Références
Eisai inc. et Biogen. (2025). LEQEMBIMD. leqembi.com (en anglais seulement).
Dernière mise à jour : Octobre 2025